ÉPREUVE EXTERNE BACHIBAC: PROPOSITION


ÉPREUVE EXTERNE BACHIBAC
LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISES

EXERCICE ÉCRIT
PREMIÈRE PARTIE. Commentaire de texte


Activité 1. Réponse à des questions concernant un texte
Quand son mari l’aborda d’un air impérieux et dur, il changea tout d’un coup de visage et de ton, et se trouva contraint devant elle, maté(1) par la supériorité de son caractère. Il essaya alors d’être digne et froid comme elle; mais il n’en put jamais venir à bout. 
- Daignerez-vous m’apprendre, madame, lui dit-il, où vous avez passé la matinée et peut-être la nuit ? 
Ce peut-être apprit à madame Delmare que son absence avait été signalée assez tard. Son courage s’en augmenta. 
- Non, monsieur, répondit-elle, mon intention n’est pas de vous le dire. 
Delmare verdit de colère et de surprise. 
- En vérité, dit-il d’une voix chevrotante(2), vous espérez me le cacher ? 
- J’y tiens fort peu, répondit-elle d’un ton glacial. Si je refuse de vous répondre, c’est absolument pour la forme. Je veux vous convaincre que vous n’avez pas le droit de m’adresser cette question. 
- Je n’en ai pas le droit, mille couleuvres ! Qui donc est le maître ici, de vous ou de moi ? qui donc porte une jupe et doit filer une quenouille(3) ? Prétendez-vous m’ôter la barbe du menton ? Cela vous sied bien, femmelette ! 
- Je sais que je suis l’esclave et vous le seigneur. La loi de ce pays vous a fait mon maître. Vous pouvez lier mon corps, garrotter mes mains, gouverner mes actions. Vous avez le droit du plus fort, et la société vous le confirme ; mais sur ma volonté, monsieur, vous ne pouvez rien, Dieu seul peut la courber et la réduire. Cherchez donc une loi, un cachot, un instrument de supplice qui vous donne prise sur elle ! c’est comme si vous vouliez manier l’air et saisir le vide ! 
- Taisez-vous, sotte et impertinente créature; vos phrases de roman nous ennuient. 
- Vous pouvez m’imposer silence, mais non m’empêcher de penser. 
- Orgueil imbécile ! vous abusez de la pitié qu’on a de vous ! Mais vous verrez bien qu’on peut dompter ce grand caractère sans se donner beaucoup de peine. 
- Je ne vous conseille pas de le tenter, votre repos en souffrirait, votre dignité n’y gagnerait rien. 
- Vous croyez ? dit-il en lui meurtrissant(4) la main entre son index et son pouce. 
- Je le crois, dit-elle sans changer de visage. […] J’ai passé quelques heures hors de votre domination; j’ai été respirer l’air de la liberté pour vous montrer que vous n’êtes pas moralement mon maître et que je ne dépends que de moi sur la terre. […] Ainsi, monsieur, ne perdez pas votre temps à discuter avec ma conviction; vous ne l’influencerez jamais, vous en avez perdu le droit dès que vous avez voulu y prétendre par la force. Occupez-vous du départ; je suis prête à vous aider et à vous suivre, non pas parce que telle est votre volonté, mais parce que telle est mon intention. Vous pouvez me condamner, mais je n’obéirai jamais qu’à moi-même.
George Sand, Indiana (III, 21), 1832

Lexique
  1. Maté : soumis, dompté
  2. Chevrotante : tremblante, vacillante
  3. Quenouille : outil pour filer la laine
  4. Meurtrir : blesser, frapper

Répondez aux questions
  1. En quoi ce passage ressemble-t-il à une scène de théâtre ? Quelle est l’intention de la part de la romancière ? 
  1. Comment sont évoqués dans ce texte les statuts respectifs du mari et de la femme au XIXe siècle ? 
  1. Quelles sont les « armes » d’Indiana dans cette scène ? 

Activité 2. Rédaction

SUJET A
Pensez-vous que, dans notre société occidentale, la situation actuelle diffère de celle présentée dans le texte en ce qui concerne les rapports dans un couple? Existe-t-il encore des inégalités entre les hommes et les femmes ?

SUJET B

Est-il légitime de recourir à la violence verbale ou physique entre des personnes qui s’opposent ? Quelle doit être, selon vous, l’attitude à adopter face à la résolution d’un conflit ?

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